12 octobre 2010 : Déclaration de l'Intersyndicale de Laon au Préfet de l'Aisne
CGT- CFDT- FSU- FO- CGC- UNSA- CFTC
-SOLIDAIRES 02-
Quels que soient notre âge, notre situation professionnelle, notre sexe ou notre opinion, une chose est certaine : les retraites, ça nous concerne ! Nous aspirons tous à une longue vie, en bonne santé, avec le moins de chocs possibles, le moins de précarité ou de chômage, pour nous et pour nos proches. Ceci veut dire que nous aspirons tous à une longue et belle fin de vie, c’est-à-dire à une «bonne retraite ».
Le projet gouvernemental ne sauve pas le système par répartition, il l’affaiblit !
Il est vrai que le système actuel n’est pas parfait. Ainsi tout le monde n’a pas une retraite à taux plein, du fait des préretraites ou des trop longues périodes de chômage par exemple. Les
inégalités entre hommes et femmes demeurent par ailleurs élevées, dans le monde du travail
comme à la retraite.
Le projet du gouvernement ne règlera rien de ces imperfections. Bien au contraire, il ne fera que les accroître. En allongeant la durée de cotisation, en repoussant de 60 à 62 ans l’âge légal de
départ à la retraite et de 65 à 67 ans l’âge à partir duquel aucune décote n’est appliquée, il ne fera que développer les inégalités et réduire le montant des pensions. Dire cela n’est pas idéologique, c’est mathématique : une minorité de salariés atteint les 60 ans en situation d’emploi, les jeunes entrent de plus en plus tard dans la vie active et connaissent souvent de longues périodes de précarité, les femmes sont victimes des inégalités de salaires et sont plus nombreuses que les hommes à connaître des interruptions d’activité. Tous seront durement pénalisés par la réforme du gouvernement.
Des alternatives existent,
elles supposent de stopper le projet gouvernemental !
Le gouvernement nous dit qu’il n’y a pas d’alternative. C’est faux ! Il oublie de dire que ce qu’il veut en réalité, c’est donner plus de place aux systèmes de retraite par capitalisation. Il oublie de préciser que, s’il ne veut pas augmenter, même légèrement, les cotisations pour financer le système de retraites actuel, c’est qu’il prépare en réalité le terrain à l’augmentation des cotisations privées pour la capitalisation. Mais qui pourra se payer un système par capitalisation ? Peu de monde ! Qui pourra assurer que les retraites par capitalisation ne seront pas victimes de la spéculation et d’une prochaine crise ? Personne !
Le gouvernement nous dit que tous les pays ont procédé aux mêmes réformes ? C’est faux !
Partout ailleurs, le débat a été plus long et souvent plus fourni, le passage en force est une
exception ! Peu de pays cumulent comme le fait la France : allongement de la durée de cotisation, décote, faible taux d’emploi des seniors, âge légal repoussé, niches fiscales et sociales…
D’autres solutions existent ! Elles tiennent compte de tous les paramètres qui entrent dans en ligne de compte pour sauver et renforcer le système par répartition : renforcer l’emploi, réduire l’insécurité sociale et professionnelle, mieux partager les richesses et les gains de productivité, réformer le financement en faisant cotiser l’ensemble des revenus, réduire les niches sociales…
La réforme des retraites n’est pas un sujet technique ni neutre : il s’agit d’un choix de société qui concerne tout le monde et engage l’avenir. Pour mener ce débat, une condition s’impose : retirer le projet de réforme gouvernemental !